Dans l’évolution scolaire d’un élève, les bulletins scolaires représentent bien plus qu’un simple relevé de notes. À travers les appréciations, ils reflètent l’évolution, le comportement et les aptitudes de l’élève. Ces bulletins jouent un rôle essentiel dans les processus d’admission tels que Parcoursup, qui s’appuie grandement sur ces documents pour analyser les candidatures. Chaque détail dans les commentaires des enseignants peut être déterminant, pesant en faveur ou en défaveur des candidats.

Mesure d’anonymisation des dossiers Parcoursup

Pour cette raison, le ministère de l’Enseignement supérieur a instauré en 2019 une anonymisation des dossiers Parcoursup avant leur envoi aux formations. La plateforme d’admission post-bac précise : « L’anonymisation du nom, prénom, adresse et âge du candidat est assurée dans les dossiers Parcoursup ». Seules les notes et les appréciations des professeurs demeurent visibles, dans le but de démocratiser l’accès à l’enseignement supérieur. Pour Emmanuel Caquet, professeur de Khâgne Lettres classiques au lycée Lakanal à Sceaux, l’anonymat permet de « juger les performances et les compétences en les dissociant de l’individu ».

Importance de l’anonymat et ses limites

Cécile Chartier, professeure dans la CPGE du lycée Jean-Baptiste Corot à Savigny-sur-Orge, estime également cette mesure nécessaire. Elle explique : « Cela est crucial car les membres des commissions de sélection Parcoursup peuvent avoir des biais, même inconscients, notamment liés à la classe sociale et à l’origine ethnique des élèves. » Toutefois, elle constate que « environ un quart » des dossiers reçus via Parcoursup pour sa CPGE ne sont pas réellement anonymes. Elle affirme : « Le bulletin sert d’abord à communiquer entre professeurs et élèves, il semble donc normal de mentionner le prénom de l’élève dans les appréciations. Cependant, Parcoursup a modifié cette dimension personnelle. »

Conséquences possibles de l’identification des élèves

Cette pratique peut avoir des effets néfastes sur les étudiants, insiste Emmanuel Caquet. Il note que cela peut conduire à une autocensure chez les élèves qui, réalisant que leur bulletin n’est pas complètement anonyme, pourraient se voir comme ayant moins de chances d’accéder à leur formation souhaitée. Cela est particulièrement pertinent pour les filières sélectives, telles que les classes préparatoires. Cécile Chartier précise que « consciemment ou inconsciemment, les élèves peuvent être mal notés, ce qui empêche leur admission dans la formation désirée ». Pour éviter ces problématiques, la professeure recommande que les enseignants évaluent le travail à un moment donné plutôt que l’élève lui-même, en suggérant d’écrire par exemple « travail sérieux » plutôt que « X a fait beaucoup de progrès ».

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