« La baisse du niveau des élèves » est un sujet souvent débattu. À tel point que lors de sa déclaration de politique générale, le Premier ministre François Bayrou a évoqué la position peu flatteuse de la France dans les récents classements internationaux comme PISA et TIMSS. Ce problème est également révélé par les évaluations nationales menées chaque année en septembre. Par exemple, pour les élèves de CM2, seulement 54% identifient correctement les éléments d’une phrase et 46,7% maîtrisent l’accord des verbes.
Un problème persistant dans l’enseignement supérieur
Ce constat s’étend jusqu’à l’enseignement supérieur. Camille Chapuis, professeur de droit enseignant à la fois dans le secteur public et privé pour des étudiants du BTS au master 2, a exprimé son désarroi le 7 janvier dernier sur X. Il partage : « Je corrige des copies de droit, niveau L1, et je vais faire une pause avant de tout balancer par la fenêtre. Ce n’est même pas le fond qui me désespère, mais la forme. On frôle l’analphabétisme. À 19 ans, ils ne savent pas conjuguer les verbes au pluriel, mettent des -s partout au hasard, oublient les virgules, et écrivent des phrases d’une laideur (grammaticale) insupportable. Mais bon, ils ont eu le bac… »
Les constats d’un enseignant concerné
Lors d’une interview avec le Figaro Étudiant, Camille Chapuis a expliqué vouloir alerter l’opinion publique sur le niveau en français des jeunes. « Les classements comme PISA montrent que les élèves régressent, mais les pouvoirs publics ne réagissent pas. Pourtant, la viralité de mes posts prouve que les citoyens se préoccupent de ce sujet. D’ailleurs, beaucoup de collègues confirment mon constat dans les commentaires. » En corrigeant les copies de ses élèves, il observe surtout, depuis cinq ans, un écart significatif entre les très bons élèves et ceux qui rencontrent des difficultés. « Tous les étudiants n’ont pas un problème de maîtrise du français, heureusement, il y en a qui sont excellents », insiste-t-il.
Sanctions et efforts de correction
Pour lui, la baisse de niveau est un problème structurel. « Je me demande aujourd’hui comment le français est enseigné dans les petites classes », affirme-t-il. Pour remédier à ces lacunes, Camille Chapuis a choisi de sanctionner les fautes de français dans les copies de ses élèves : « J’enlève 0,5 point par paquet de dix fautes. » Un choix qu’il partage avec ses collègues. « Nous nous mettons d’accord a minima sur le nombre de fautes à sanctionner pour aider les élèves à prendre conscience et à progresser », ajoute-t-il.
D’après ses observations, les erreurs les plus fréquentes concernent les fautes de conjugaison, de syntaxe et de structure. « Ils ne savent plus où mettre les majuscules, ne différencient pas les noms propres des autres. Il n’y a ni ponctuation ni maîtrise de la conjugaison. Quand on met un -s à un verbe conjugué au pluriel, c’est qu’on ne comprend pas ce qu’est un verbe ! », s’insurge-t-il. Récemment, Camille Chapuis a interrogé ses étudiants en BTS sur leur niveau de français lors d’une dictée « simple », selon lui. Le résultat fut alarmant avec une moyenne de 14 fautes.
Dans un post récent, Camille Chapuis a relevé des erreurs dans un autre devoir, cette fois-ci par des étudiants de première année de licence de droit. Il donne quelques exemples : « Messieurs X et Y assigne », « La Cours d’appel », « L’employeur à choisit », « Les contrôles de constitutionnalité qui est principalement basée », « Un appel a était interjetée ». Toutefois, il constate une nette amélioration du niveau dans les années supérieures. « La maîtrise du français change brutalement, reconnaît-il. Est-ce un travail personnel des étudiants ou un écrémage qui élimine les plus en difficultés ? Je n’ai pas la réponse. »