Certains enfants sautent une classe : les critères inattendus révélés par des expertes.

Chaque année, certains candidats au baccalauréat surprennent par leur jeune âge. En 2024, la plus jeune inscrite en filière générale et technologique avait seulement neuf ans. Auparavant, d’autres ont également marqué l’histoire, comme Arthur Ramiandrisoa qui a décroché son bac à 11 ans en 1989. Ces jeunes ont un point commun : ils ont sauté plusieurs classes.

Le phénomène peu commun du saut de classe

Contrairement au redoublement, le passage anticipé vers une classe supérieure est un phénomène relativement rare et peu médiatisé. En Auvergne-Rhône-Alpes, à l’école dirigée par Louise Thielland, seuls quatre élèves sur 350 ont sauté une classe pour l’année scolaire 2024-2025. « Deux enfants sont passés de la moyenne section au CP et deux du CP au CE2 », explique-t-elle au Figaro Étudiant. Le ministère de l’Éducation nationale, contacté par Le Figaro Étudiant, confirme qu’il n’existe pas de données nationales pour cette année, car ce phénomène est géré au niveau local par chaque établissement.

Les étapes du saut de classe

Pour qu’un élève puisse bénéficier d’un saut de classe, les équipes éducatives doivent suivre un protocole rigoureux. « La démarche associe toujours l’enseignant et l’élève« , rappelle Louise Thielland. Lorsqu’un enseignant envisage un saut de classe, il engage d’abord la discussion avec la famille. Ensuite, un psychologue de l’Éducation nationale évalue l’enfant en classe et donne son avis. Une réunion est ensuite tenue avec l’équipe éducative, les parents et, si besoin, d’autres professionnels. Un bilan global est réalisé avant de proposer ou non le passage anticipé. Cette décision doit être prise selon un calendrier défini, généralement entre avril et mai, précise la directrice d’école. En dehors de cette période, l’accord de l’inspecteur d’académie est requis.

Adapter le parcours scolaire des élèves

Pour évaluer la pertinence d’un saut de classe, les équipes éducatives analysent la personnalité de chaque élève individuellement. « Certains enfants ont une soif de connaissances insatiable et se sentent mieux dans une classe supérieure », explique Louise Thielland. Pour d’autres, le changement social serait trop abrupt, rendant le saut inapproprié. Lorsque le passage anticipé est décidé, un accompagnement est souvent proposé pour faciliter l’intégration de l’élève. « Avant le saut officiel, nous essayons de faire en sorte que l’élève passe du temps dans la classe supérieure et qu’il connaisse à l’avance son enseignant ainsi que les notions importantes à réviser », ajoute la directrice.

La loi permet un saut de classe par cycle, chaque cas étant évalué par le conseil des maîtres ou l’équipe de professeurs. Pour un deuxième saut, l’avis de l’inspecteur est indispensable. Louise Thielland précise : « Dans de nombreux cas, le saut est proposé pour éviter que l’enfant ne s’ennuie et ne décroche ». Florence Pâris, ancienne référente HPI, souligne également l’intérêt pour les élèves à besoins particuliers, comme les hauts potentiels, de bénéficier d’un passage anticipé qui complexe leur parcours et leur impose de nouveaux défis.