Lorsqu’on évoque le niveau des Français en mathématiques, les enquêtes se succèdent et présentent souvent des résultats inquiétants. La dernière en date, baptisée Timss (Trends in International Mathematics and Science Study), a de nouveau souligné les difficultés rencontrées par les élèves dans cette discipline. Réalisée tous les quatre ans, cette étude évalue les performances en mathématiques et en sciences des élèves de CM1 et de 4e des pays de l’UE et de l’OCDE. En se concentrant sur les mathématiques, la France est classée avant-dernière en CM1, après tous les autres pays membres de l’Union européenne. En 4e, même si les résultats sont légèrement meilleurs, la situation reste préoccupante : la France ne devance que de justesse le Portugal et le Chili, eux-mêmes en bas de classement.
Les Difficultés Quotidiennes Selon Un Professeur
Lucas Markarian, professeur de mathématiques dans un établissement privé à Marseille et suivi par plus d’un million de personnes sur TikTok sous le pseudonyme @lucasmaths4, observe ces difficultés au quotidien : « En terminale, on a des élèves qui connaissent les théorèmes, mais qui sont incapables de les appliquer », explique-t-il à Figaro Étudiant. Il regrette que des bases mal assimilées empêchent les élèves de progresser. « Je n’ai pas le temps de revenir sur toutes les notions », ajoute-t-il. Ces lacunes ont des répercussions dans d’autres matières également : « Ma collègue de physique déplore que le manque de niveau en mathématiques empêche les élèves de performer dans sa matière », raconte Lucas Markarian.
Refonte des Programmes : Une Nécessité
Selon lui, une refonte des programmes est indispensable pour aider les élèves à progresser en mathématiques : « Si on avançait d’un an certains chapitres, cela donnerait aux élèves plus de temps pour assimiler les notions », précise le professeur. Cependant, il reconnaît que les anciens ministres de l’Éducation nationale Gabriel Attal et Anne Genetet ont tenté d’améliorer la situation, malgré des moyens limités. Anne Genetet avait notamment affirmé vouloir poursuivre les réformes du « choc des savoirs » initié par Gabriel Attal, l’une des mesures phares étant de conditionner l’entrée en seconde à l’obtention du brevet.
Les Concepts Problématiques en Mathématiques
Lucas Markarian souligne que le calcul littéral et les fractions posent particulièrement problème : « Les élèves de première et terminale ont des lacunes phénoménales sur ces notions. Je les ai d’ailleurs récemment interrogés dessus. Je leur ai donné (n+3)/(n+4), ils ont barré les n… Parce qu’ils n’ont toujours pas compris que, pour simplifier, il faut qu’il y ait des produits de facteurs au numérateur et au dénominateur. Pourtant, la simplification de fractions, c’est enseigné en sixième! Et la maîtrise de cette notion est nécessaire pour performer en mathématiques », insiste-t-il. Même en les préparant à des notions du supérieur, ces difficultés ressurgissent. « Je leur ai demandé de montrer que les fonctions f et g étaient équivalentes. Ils savaient calculer la limite, mais pas le quotient f/g », raconte le professeur.
Les élèves eux-mêmes s’en amusent : « Ils rigolent et disent qu’ils sont vraiment nuls », rapporte Lucas Markarian. Néanmoins, ils montrent souvent une réelle volonté de progresser. Certaines solutions sont mises en place pour surmonter ces difficultés et aider les élèves pour leurs études supérieures. Par exemple, en terminale, ses collègues et lui appliquent un plan d’exercices combinant notions de terminale et concepts du supérieur, à la demande des inspecteurs. « Ce n’est pas suffisant, mais c’est déjà ça », conclut-il.