Faut-il écrire « autant pour moi » ou « au temps pour moi » ?

Hugo

17/03/2025

Une expression qui divise les passionnés de la langue

Parmi les débats linguistiques qui agitent régulièrement les amateurs de la langue française, la question de savoir s’il faut écrire « autant pour moi » ou « au temps pour moi » revient sans cesse. Trois mots ou quatre mots ? Adverbe ou locution militaire ? Cette expression est une source d’interrogation constante, et même les spécialistes ne sont pas tous d’accord sur la bonne orthographe.

Si l’on en croit les dictionnaires et les puristes, la forme correcte serait « au temps pour moi », héritée du langage militaire où l’ordre « Au temps ! » commandait la reprise d’un mouvement depuis le début. Mais d’autres spécialistes contestent cette explication et suggèrent que l’usage d’« autant pour moi » aurait pu être originel.

Une querelle entre tradition et usage

Selon l’Académie française et le Petit Larousse, la bonne orthographe est bien « au temps pour moi ». Cette graphie serait liée à une instruction militaire où « Au temps ! » signifiait que l’exercice devait être repris à zéro. Dans cette optique, la locution signifierait donc : « Je reconnais mon erreur, reprenons depuis le début. »

Cependant, d’autres experts en linguistique, comme Claude Duneton, affirment qu’aucune trace de cette expression n’a été retrouvée dans les écrits militaires. Quant au célèbre grammairien Grevisse, il s’interroge sur la possibilité que la forme « autant pour moi » soit en réalité l’orthographe originelle.

Le Grand Robert tente de ménager les deux camps en proposant les deux orthographes, précisant que « autant pour moi » est une variante plus courante et familière, alors que « au temps pour moi » serait plus conforme à l’idée d’un retour en arrière et d’une correction.

Une question d’interprétation

Au-delà de la querelle orthographique, l’interprétation de cette expression joue également un rôle clé dans le choix des locuteurs. Pour certains, dire « autant pour moi » signifie simplement « Je reconnais mon erreur », une utilisation logique de l’adverbe « autant » dans le sens de « de même » ou « également ».

À l’inverse, ceux qui préfèrent « au temps pour moi » insistent sur l’idée de recommencer une action, ce qui renverrait à l’origine supposée de l’expression dans les exercices militaires. Cette divergence explique pourquoi aucune des deux formes n’a réussi à s’imposer définitivement.

Les dictionnaires et les linguistes divisés

Face à cette confusion, quel choix adopter ? La réponse est loin d’être tranchée, car même les références linguistiques ne s’accordent pas :

L’Académie française privilégie « au temps pour moi », tout en admettant que « autant pour moi » est aujourd’hui couramment employé.
Le Petit Larousse soutient la version « au temps pour moi ».
Le Grand Robert accepte les deux formes, précisant que « autant pour moi » est plus familier.
Grevisse s’interroge sur l’origine réelle de l’expression et ne tranche pas définitivement.

Quelle forme choisir dans l’usage courant ?

En réalité, les deux graphies coexistent aujourd’hui et sont comprises de la même manière par la majorité des francophones. La forme « autant pour moi » est celle que l’on retrouve le plus fréquemment à l’écrit dans les échanges informels, tandis que « au temps pour moi » est davantage soutenue par les puristes.

Si vous écrivez « autant pour moi », sachez que vous serez compris sans problème, bien que certains amateurs de grammaire risquent de lever un sourcil. En revanche, « au temps pour moi » donnera une impression plus formelle et académique, bien que son origine reste sujette à débat.

Un débat qui n’est pas près de s’éteindre

Finalement, faut-il choisir son camp ? La vérité est que peu importe la graphie utilisée, un spécialiste pourra toujours justifier l’un ou l’autre des usages. Alors, écrivez-le comme vous le souhaitez, et surtout, retenez l’essentiel : cette expression signifie reconnaître une erreur, et c’est bien cela qui compte.

Si vous avez une préférence, défendez-la avec conviction, mais acceptez que votre interlocuteur puisse avoir une opinion différente. Après tout, la langue française est vivante et évolutive, et ce débat en est une preuve éclatante.

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