Les jeunes Français délaissent de plus en plus la lecture. Une étude réalisée par Ipsos pour le Centre national du livre, et publiée en avril 2024, met en lumière une diminution significative du temps consacré à la lecture. Cette enquête, menée auprès de 1 500 enfants et adolescents âgés de 7 à 19 ans, souligne que ce phénomène est particulièrement prononcé chez les 16-19 ans. À la question « Est-ce qu’il t’arrive de lire des livres dans le cadre de tes loisirs ? », 81% répondent oui, mais c’est une baisse de 12 points par rapport à il y a deux ans pour cette tranche d’âge. Chez les garçons, seuls 50% lisent pour le plaisir, représentant une baisse de 15 points.
Les disparités en termes de compétences de lecture
Cette baisse d’intérêt est accompagnée de disparités importantes dans les compétences de lecture. Chaque année, celles-ci sont évaluées lors de la Journée défense et citoyenneté (JDC), qui teste environ 800 000 jeunes de 17 et 18 ans. Trois dimensions sont mesurées : l’automaticité de la lecture, les connaissances lexicales et la compréhension des textes complexes. Selon les résultats publiés par le ministère de l’Éducation nationale en novembre 2024, en 2023, 80% des jeunes Français sont jugés capables de lire efficacement, c’est-à-dire qu’ils réussissent les trois modules de l’évaluation. En revanche, un jeune sur dix rencontre des difficultés significatives. Certains ont du mal à comprendre des écrits complexes malgré un vocabulaire adéquat, tandis que d’autres cumulent des lacunes lexicales et une faible compréhension, situation proche de l’**illettrisme** selon l’Agence nationale de lutte contre l’illettrisme (ANLCI).
Impact du niveau d’études et des disparités géographiques
Ces difficultés de lecture sont étroitement liées au niveau d’études. Près de la moitié des jeunes en difficulté n’ont pas dépassé le collège, contre seulement 5% ayant suivi des études générales ou supérieures. Sur le plan géographique, les disparités sont également marquées. Certains départements de la côte Ouest montrent des taux de difficultés très faibles, tandis que d’autres zones affichent des résultats inquiétants. À Mayotte, 52,8% des jeunes sont confrontés à des difficultés de lecture. En France métropolitaine, la **Seine-Saint-Denis** est le département où la proportion de jeunes en difficulté de lecture est la plus importante, avec 16,9%. Laura Chahir, de l’Iféa, souligne l’importance de la fluence de la lecture chez les jeunes. « L’amour de la lecture vient, pour beaucoup d’entre eux, de la capacité à lire rapidement sans effort, » dit-elle.