Les performances en mathématiques entre filles et garçons évoluent dès les premières années de scolarité. Selon une étude de la Depp, les filles affichent de meilleurs résultats que les garçons en début de CP sur presque toutes les compétences évaluées, à l’exception des exercices de rapidité. Cependant, dès la mi-CP, la tendance s’inverse : les garçons prennent l’avantage et l’écart continue de se creuser tout au long de la scolarité.
Ce constat est confirmé par les évaluations nationales mises en place depuis 2017, qui permettent d’analyser les progrès des élèves à différents niveaux. Entre le CP et le CM2, les garçons prennent progressivement le dessus dans la majorité des exercices, notamment ceux liés à la résolution de problèmes et aux compétences numériques.
Des écarts de plus en plus marqués
Les résultats montrent que les différences de niveau augmentent à chaque nouvelle évaluation. À la mi-CP, l’écart atteint déjà 10 points en faveur des garçons. Ce chiffre grimpe à 19 points en CE1 et à 32 points en CM2. Dans le secondaire, l’écart est plus modéré mais toujours présent : on note 21 points d’écart en sixième et seconde, et 18 points en quatrième.
La tendance observée en France rejoint celle des évaluations internationales. L’étude TIMSS de 2023, menée auprès des élèves de CM1, révèle un écart de 30 points entre les filles et les garçons. Ce chiffre est le plus élevé des 29 pays de l’OCDE, marquant un fossé qui s’est creusé au fil des ans. En 2015, cet écart n’était que de 8 points, avant de doubler en 2019, puis d’atteindre un niveau record en 2023.
Une disparité particulièrement marquée en résolution de problèmes
Un des écarts les plus significatifs concerne la résolution de problèmes. Alors qu’en début de CP, filles et garçons affichent des scores équivalents, les garçons prennent rapidement l’avantage. À la fin du CM2, l’écart atteint 23 points, une tendance qui se maintient en sixième et en quatrième.
Les garçons montrent également une meilleure aptitude dans les exercices de rapidité, tandis que les filles réussissent mieux les exercices nécessitant réflexion et structuration, notamment en calcul posé et en géométrie. Cette différence de performance selon la nature des exercices soulève des questions sur les méthodes pédagogiques et l’impact des attentes sociales sur les apprentissages.
Des écarts renforcés par les évaluations standardisées
Les évaluations PISA, qui mesurent la capacité des élèves de 15 ans à mobiliser leurs connaissances dans des contextes variés, confirment ces écarts mais dans une moindre mesure. Contrairement aux évaluations strictement scolaires, PISA teste des compétences appliquées, réduisant ainsi l’influence des méthodes d’apprentissage classiques.
Les évaluations nationales françaises montrent que les garçons réussissent particulièrement bien les épreuves de vitesse. À l’inverse, les filles obtiennent de meilleurs scores lorsqu’aucune contrainte de temps n’est imposée. Par exemple, en fluence (lecture rapide et précise), les garçons surpassent les filles dès la mi-CP et en CE1.
Les filles se démarquent en géométrie
Si les garçons dominent globalement en mathématiques, les filles conservent une légère avance dans certaines compétences spécifiques. Elles réussissent mieux les exercices de géométrie, notamment en identification de formes en CP, en reproduction d’assemblages en CE1 et en espace et géométrie au collège.
Un autre domaine où les filles excellent est le calcul posé, du CE2 au CM2. Dans ces exercices, qui demandent une approche méthodique et structurée, elles affichent des performances légèrement supérieures à celles des garçons.
Une tendance qui interroge
Ces résultats soulèvent de nombreuses interrogations. Pourquoi les garçons prennent-ils l’avantage en mathématiques dès le CP alors que les filles excellent dans d’autres matières ? Faut-il adapter les méthodes pédagogiques pour limiter ces écarts et encourager davantage les filles à développer leurs compétences numériques et analytiques ?
Les spécialistes estiment que ces différences sont en partie influencées par des facteurs socioculturels et éducatifs. Les attentes parentales, la perception des mathématiques comme une discipline plus « masculine » et les différences d’approche pédagogique peuvent jouer un rôle dans cette évolution.
Vers une meilleure égalité des chances ?
Face à ces écarts persistants, certaines initiatives visent à encourager les filles à s’intéresser davantage aux sciences et aux mathématiques. Des programmes de mentorat, des ateliers spécialisés et des approches pédagogiques innovantes sont mis en place pour favoriser leur confiance en ces matières.
Si les chiffres montrent encore une nette avance des garçons dans les mathématiques, une prise de conscience collective et des stratégies adaptées pourraient permettre de rééquilibrer ces différences et d’offrir à chaque élève les mêmes opportunités de réussite.